dimanche, novembre 12, 2006

Man at work

Rien écrit depuis un mois et pourtant beaucoup de choses se sont passées…mais j’étais immergé en moi-même ressentant peut être plus que d’habitude l’inanité de l’humanité et des gens que je croise au quotidien.
Toutes mes réflexions sont en fait regroupées en deux parties distinctes :
Qui étais je et que suis-je devenu ? Et quelle est ma propension à trouver ma place dans la société du travail ?

La première question est rémanente depuis le décès de ma grand-mère l’hiver dernier.
En effet avec elle a disparu une partie de l’histoire familiale et par conséquence une partie de ma propre histoire.
Sa connaissance de mon enfance, de toute mes petites aventures et déconvenues, de mes goûts, tous ces petits détails qui font qu’on existe, sont dorénavant perdus.
Bien sur il reste mes propres souvenirs mais personne dorénavant ne sera capable de me raconter ce que je faisais à 5 ans et comment était la vie à ce moment là.
C’est cette mémoire que je recherche actuellement. Au travers de films, d’émissions de télé, d’objets….ma collection de jouets en est un bon exemple. Mes explorations pour retrouver des bribes d’archives (croque vacances, docteur snuggles, les vieux épisodes de Maigret avec Jean Richard) ne visent finalement qu’a recréer une atmosphère et à stimuler ma mémoire.
A travers tout cela je revois mon grand-père, je situe des endroits, ressens les parfums, voit les couleurs.
Néanmoins cette mise en abyme ne parvient pas à me satisfaire totalement et ma compréhension reste incomplète. Si je situe bien certaines étapes de ma vie je ne parviens pas à retrouver ce qui faisait que plus jeune ma confiance en moi était si forte.

Quant à ce que je suis devenu…j’avoue ne pas vraiment le savoir. Je me suis perdu de multiples fois, si souvent en fait que à l’heure où les difficultés professionnelles sont là je ne sais plus que faire.

De là mon interrogation sur le monde du travail.

Je viens d’accepter un contrat d’un mois dans un CHU. Dans une branche qui n’est pas à la mienne et à un boulot tout ce qu’il y a de plus basique (en gros je passe des barquettes de bouffe sous un code barre).

Au bout de quelques jours je dois me rendre à l’évidence, je ne fais pas partie du même monde que les gens avec qui je bosse.
La petite équipe avec qui je suis en contact tous les jours sait travailler ensemble, ce qui n’est pas mon cas.
Leur langage, leur façon d’être entre eux, le fait même qu’ils fassent ce boulot sans se poser de questions fait qu’ils sont, pour moi, de véritables extra terrestres.

Je n’ai jamais su « poser mon cerveau » en entrant, je ne sais pas plaisanter sur les choses de la vie (le sexe notamment) et j’ai beaucoup de mal à ne pas analyser ce que je fais pour en déceler les défauts. Eux sont heureux d’avoir un boulot, de venir là tous les jours (même si l’essentiel de leur discussion consiste à dire du mal des gens qui les embauchent et de leurs conditions de travail).

En clair je me sens inadapté à tout cela.
Je suis un jeune homme grave et sérieux, mon humour est le plus souvent noir et plutôt cynique.
Comme on me l’a déjà dis mes principes sont plutôt désuets et corresponde à un homme d’un age plus avancé que le mien.
Là où les autres s’agitent je cherche à réfléchir.

D’où un décalage évident entre eux et moi. Eux le ressentent car ils voient bien que je ne suis pas à l’aise dans ce boulot manuel et moi je le vis mal, malgré les efforts que j’ai tenté de faire.

J’ai conscience qu’il faut travailler pour vivre et que, dans leur cas, ce boulot leur permet d’avoir une paye à la fin du mois et de ne pas se poser de questions.

Il en est autrement pour moi, si je dois travailler je veux le faire dans un environnement qui me satisfasse et qui me permette de m’épanouir.

Je n’ai jamais rencontré ce genre de boulot et je ne sais même pas s’il existe.

Cette sensation de décalage fait que j’éprouve une espèce de schizophrénie constante du genre « si demain on me demande de rester là est ce que j’en suis capable ? » « Est-ce que je pourrais être assez fort pour me mettre de coté 8 heure par jour à faire une tache inintéressante ? ».

Mes réflexions en sont là.

Wait and see.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Mon leitmotiv : "arrête de te poser trop de questions et regarde autour de toi". ;-)

Novitche a dit…

La mort d'un parent est à chaque fois une occasion de réaliser qu'on est nous aussi mortel. On réalise alors que le temps passe et qu'un jour tout va disparaitre pour nous. Regarder la mort en face nous prend du temps, pour etre sur d'etre pret à cherche à revenir en arrière et on essais de se bloquer à des périodes innocentes de notre enfance. Mais on réalise que le radeau continue d'avancer malgré nos pensées tournées vers le passé alors on essais de trouver un domaine pour "arreter de penser" et quoi de mieux que le travail ? Le travail: c'est instrument de torture à 3 pieux qui nous permet d'arreter de penser à la mort et qui nous permet d'acheter des merdes qui nous permettront de ne pas penser à la mort...
On peut peut etre ajouter un besoin de reconnaissance... mais de la part de qui ? tout les hommes sont mortels et tous sont vaniteux de penser qu'ils sont immortels.

On ne saura qui on a été que le jour de notre mort... mais de notre vivant il nous reste à tenir la barre et à nous diriger tant bien que mal vers telle ou telle direction.

J'aurais tendance à te conseiller de passer 3 jours completement tout seul, téléphone fermé et d'aller voir la vie différemment... peut etre dans le désert... et de te demander pourquoi ce monde du travail d'obsede tellement et de te poser les bonnes questions celles qui te permettront de rentrer avec tes vrai réponses. Pas des conneries du genre "bah pour faire une piscine ou goudronner une allée".

Et donc je ne suis d'accord qu'à 75% avec Bryce : regarde autour de toi mais poses toi les vrai questions en étant honnete avec toi meme, par contre ne te pose pas de question concernant la mort parce que tu n'auras pas de réponse précise ;)